Neuropathies périphériques : causes, symptômes et traitement de cette lésion |  |
Selon les études menées sur le sujet, environ 5 % de la population mondiale serait atteint d’une forme de neuropathie périphérique. Tout comme les symptômes, les causes de cette affection nerveuse sont multiples (pathologiques, héréditaires et mécaniques notamment). Avec des atteintes à la fois sensitives et motrices, les neuropathies périphériques nécessitent une prise en charge sérieuse.
En cas de neuropathie du pied périphérique (pied diabétique notamment), un chaussage particulier est recommandé afin de soulager les troubles sensitifs et moteurs.
Qu’est-ce qu’une neuropathie périphérique ? Comment reconnaître les signes ? Comment la prévenir ? Quel examen clinique doit être réalisé pour le diagnostic ? Quels sont les traitements disponibles ? Podexpert répond à toutes vos questions.
Qu'est-ce qu'une neuropathie périphérique ?
Une neuropathie périphérique est une affection du système nerveux dit « périphérique » par opposition au système nerveux central qui comprend la moelle épinière et l’encéphale.
Le système périphérique comprend les systèmes nerveux somatique, autonome et les nerfs crâniens. Il se compose de trois groupes distincts :
- Les nerfs moteurs qui contrôlent la mise en mouvement des muscles ;
- Les nerfs sensitifs qui communiquent au cerveau les informations sensorielles ;
- Les nerfs autonomes qui interviennent dans le fonctionnement des organes (vessie, cœur, poumons, yeux, etc.).
L’altération d’un ou plus de ces nerfs est désignée par le terme de neuropathie. Les causes sont nombreuses. Par conséquent, les approches thérapeutiques varient d’un patient à l’autre afin de soulager les douleurs neuropathiques dans les jambes ainsi que les troubles sensitifs, moteurs et/ou neurovégétatifs associés.
Quelles sont les neuropathies périphériques ?
Atteinte tronculaire ou radiculaire ?
Les neuropathies périphériques sont la conséquence d’une lésion, d’une inflammation ou d’une compression d’un ou plusieurs nerfs périphériques. Plusieurs zones du nerf peuvent être affectées :
- Syndrome radiculaire : affection localisée au niveau de la racine nerveuse provoquant une douleur sur la trajectoire des fibres nerveuses issues de cette racine (radiculalgie) ;
- Syndrome tronculaire : neuropathies périphériques générées par une compression nerveuse.
Mononévrite
Une mononévrite également appelée mononeuropathie désigne la lésion ou l’inflammation d’un seul nerf, généralement localisé dans un canal ou une zone étroite. Le syndrome du canal carpien est la forme la plus connue de mononévrite.
Parmi les mononeuropathies courantes, on retrouve également :
- La paralysie des nerfs péroniers dans la jambe ;
- La paralysie de Belle au niveau du visage ;
- La paralysie du nerf ulnaire (cubital), conséquence d’une blessure au coude ;
- La paralysie du nerf radial, situé entre le coude, le poignet et les doigts de la main.
Si la mononévrite s’étend à plusieurs nerfs non contigus, on parle alors de monononévrite multiplex (mononeuropathie multiple).
Polynévrite
Au contraire de la mononévrite, la polynévrite ou polyneuropathie affecte plusieurs nerfs périphériques contigus en simultané.
On distingue plusieurs formes :
- Les lésions de l’axone, les fibres nerveuses responsables de la bonne conduction des messages vers le système central. Ces polyneurothérapies sont principalement causées par des troubles toxiques ou métaboliques tels qu’une chimiothérapie, une insuffisance rénale ou du diabète.
- Les lésions ou inflammations de la gaine myéline, la membrane située autour de l’axone. Elles font généralement suite à une injection vaccinale, une infection virale ou bactérienne ayant provoqué une forte réaction immunitaire. On retrouve également ce type d’affection chez les patients atteints de polynévrite démyélinisante inflammatoire chronique ou du syndrome Guillain Barré.
- Les lésions des vasa nervorum, les petits vaisseaux sanguins chargés d’irriguer les nerfs. Ces affections sont généralement liées à des vascularités, une artériosclérose ischémique chronique ou une infection impliquant une diminution de l’afflux sanguin.
Les causes et facteurs de risque des neuropathies périphériques
Qu'est-ce qui provoque une neuropathie périphérique ?
Environ 30 % des neuropathies restent inexpliquées (neuropathies idiopathiques).
Chez les autres patients, les causes peuvent être nombreuses :
- Diabète de type 1 et de type 2 (neuropathie diabétique) ;
- Insuffisance rénale chronique ;
- Maladie immunitaire : syndrome de Guillain-Barré, maladie de Crohn, polyradiculonévrite aiguë inflammatoire démyélinisante chronique, syndrome lewis sumner, intolérance au gluten (maladie cœliaque) ;
- Affection des tissus conjonctifs : arthrite rhumatoïde, syndrome de Sjögren, lupus érythémateux systémique ;
- Infection : VIH, psoriasis, zona, maladie de Lyme ;
- Prise de médicaments : dapsone, amiodarone, vincristine, oxaliplatine ;
- Protocole de soins : immunothérapie, radiothérapie, chimiothérapie, trithérapie ;
- Carence nutritionnelle : vitamine B12, acide folate ;
- Pathologie héréditaire : syndrome de Charcot-Marie-Tooth, ataxie de Friedreich ;
- Trouble du système immunitaire (neuropathie motrice multifocale avec blocs de conduction persistants)
- Exposition à une substance toxique : solvant, insecticide ;
- Cancer ;
- Sclérose latérale amyotrophique ;
- Hypothyroïdie ;
- Blessure ;
- Consommation excessive d’alcool.
Comment prévenir une neuropathie périphérique ?
Il reste difficile de prévenir une neuropathie périphérique aigüe ou chronique tant les causes sont nombreuses.
Certains facteurs de risque peuvent toutefois être évités en adoptant un mode de vie sain et équilibré :
- Manger varier afin de prévenir le risque de déficit vitaminique ;
- Pratiquer une activité physique régulière pour préserver son capital santé ;
- Apprendre à gérer son stress ;
- Limiter sa consommation d’alcool, responsable de l’altération des fibres nerveuses ;
- Assurer un suivi régulier en cas de pathologie chronique, notamment chez un patient diabétique sujet à des risques de complications podologiques.
Les symptômes d'une neuropathie périphérique
Symptômes généraux
Les symptômes varient en fonction des nerfs atteints et de la nature de l’affection (lésions de l’axome, de la gaine myéline ou des vasa nervorum).
Symptômes en cas de neuropathie du système moteur
- Faiblesse musculaire ;
- Perte osseuse ;
- Difficulté à exécuter des petits gestes précis : boutonner une veste, se brosser les dents, etc.
- Tremblements ;
- Spasmes incontrôlés ;
- Phénomènes de paralysie ;
- Crampes.
Symptômes en cas de neuropathie du système sensoriel
- Douleur ;
- Inconfort provoqué par des sensations désagréables : fourmillements, démangeaisons, « chocs électriques », engourdissement, picotements, brûlure, etc.
- Hypersensibilité ;
- Perte de sensibilité ;
- Altération de la peau, des cheveux et des ongles ;
- Diminution des capacités de coordination et proprioception ;
- Ulcère voire gangrène, principalement au niveau des membres inférieurs.
Symptômes en cas de neuropathie du système autonome
- Fréquence cardiaque et tension artérielle irrégulières ;
- Vertiges, évanouissements ;
- Difficulté à supporter la chaleur ;
- Perturbation de la sudation naturelle ;
- Incontinence, rétention urinaire ;
- Troubles digestifs accompagnés d’épisode de diarrhée ou constipation, gonflement du ventre ;
- Troubles sexuels : dysfonctionnement de la fonction érectile, sécheresse vaginale ;
- Baisse de l’audition ;
- Altération de la vision ;
- Difficulté à la déglutition.
Quel est l'impact d'une neuropathie périphérique sur le pied ?
Les signes d’une neuropathie périphérique sur le pied se caractérisent à la fois par un déficit moteur et sensoriel.
Son impact se porte sur le bon fonctionnement du mécanisme du pied, entravé par une faiblesse musculaire. L’affaissement du membre, les spasmes involontaires, les crampes et les épisodes de paralysie associés aux neuropathies périphériques des pieds entraînent des difficultés et une instabilité lors des déplacements.
Les neuropathies podologies sont également associées à une perte de sensation, des douleurs et des sensations désagréables telles que des fourmillements et des engourdissements.
L’ensemble de ces troubles augmente le risque de détection tardive des blessures. Une surveillance quotidienne est donc préconisée afin d’assurer une prise en charge rapide des potentielles blessures.
Découvrez nos chaussures orthopédiques
Le diagnostic
Le diagnostic des lésions nerfs périphériques est difficile, car les causes sont nombreuses et les symptômes sont très variables d’une personne à une autre. Cependant, établir le bon diagnostic est primordial pour adapter le traitement et répondre efficacement aux atteintes sensitives et troubles du système moteur chez les patients.
En cas de suspicion de lésions nerveuses, un examen clinique par un médecin généraliste permet de poser un premier diagnostic. Au cours de la consultation, ce dernier interroge le patient sur son état de santé général, son hygiène de vie, ses antécédents familiaux et les potentiels traitements en cours ou récents. Il vérifie également l’état de santé de la peau, les réflexes tendineux et la sensibilité nerveuse.
En fonction des résultats obtenus, des examens complémentaires peuvent être réalisés, notamment :
- Des analyses sanguines pour déceler un diabète, une carence nutritionnelle ou un dysfonctionnement de la thyroïde ;
- Des études de conduction nerveuse pour connaître la vitesse de conduction des messages nerveux en direction des muscles, connaître l’emplacement de la lésion et sa gravité ;
- Un électromyogramme pour mesure l’activité électrique musculaire ;
- Une biopsie de la peau ou d'une partie du nerf pour détecter une affection précoce (ou surveiller l’évolution de la dégénérescence après un diagnostic) ;
- Un examen neurologie pour vérifier la force des muscles périphériques, les réflexes et les signes d’engourdissement ;
- Des tests d’audition, de vision, de coordination et d’équilibre ;
- Une IRM ou une tomodensitométrie (TDM).
Quel traitement pour une neuropathie périphérique ?
Le traitement d'une neuropathie des pieds appliqué dépend principalement de la cause de la lésion ou de l’inflammation. L’approche est donc en grande partie étiologique :
- Port d’une attelle ou suivi ergothérapique en cas de blessure ou mauvaise posture ;
- Prise en charge de la maladie responsable de la neuropathie périphérique, en cas de diabète de type 1 ou de type 2, insuffisance rénale ou infections notamment ;
- Modification du traitement pharmaceutique en cours en cas d’effets secondaires indésirables sur le système nerveux périphérique (prise d’oxaliplatine par exemple) ;
- Ablation de la tumeur en cas de cancer ayant pour effet une compression nerveuse ;
- Prescription de compléments alimentaires et modifications de l’alimentation en cas de carences nutritionnelles.
Par ailleurs, un traitement pharmaceutique ciblé peut être administré afin de soulager les symptômes associés aux neuropathies : anti-inflammatoires, analgésiques, antidouleurs, etc.. De même, des médicaments comme la gabapentine ont démontré leur efficacité dans la prise en charge des douleurs et troubles neuropathiques périphériques.
Enfin, des soins complémentaires sont généralement recommandés pour aider à soulager la douleur, diminuer les atteintes sensitives et réduire le déficit moteur :
- Thérapie par brouilleur ;
- Crème anesthésiante à base de lidocaïne notamment ;
- Prescription de stéroïdes ;
- Traitement immunosuppresseur afin d’atténuer l’activité immunitaire ;
- Alimentation riche en vitamines B, fibres et antioxydants ;
- Neurostimulation transcutanée ;
- Exercices de kinésithérapie ;
- Exercices à effet relaxant.
Est-ce qu'on peut guérir d'une neuropathie périphérique ?
Les chances de guérir complètement d’une mononévrite ou d’une polynévrite dépendent de :
- La cause de l’affection ;
- La gravité des lésions nerveuses ;
- La réversibilité ou non des dommages causés aux nerfs atteints.
Lorsque l’origine de la neuropathie est identifiée et traitée avec succès, il est tout à fait possible d’en guérir et de recouvrer l’intégralité des fonctions nerveuses altérées.
Comment se chausser si vous avez une neuropathie périphérique ?
Si vous souffrez d’une mononeuropathie ou polyneuropathie au niveau des membres inférieurs, un chaussage adapté est essentiel. En effet, seule une paire de chaussures confort permet de soulager les douleurs, réduire les troubles moteurs et prévenir le risque de blessure lié à l’altération des nerfs sensitifs.
En cas d’atteintes nerveuses, orientez-vous vers des chaussures dotées des caractéristiques suivantes :
- Un important volume à l’avant du pied. Vos orteils pourront ainsi s’étaler correctement. Cette précaution prévient l’apparition de lésion, notamment en cas de pied diabétique insensible à la douleur.
- Un maintien renforcé du pied. Équipées de lacets ou de bandes velcro, une bonne paire de chaussures doit assurer le maintien de votre pied dans le chaussant. En cas d'instabilité aigüe ou de mobilité altérée, optez pour un modèle avec un contrefort à l’arrière du talon.
- Une semelle interne amovible. Vous pourrez ainsi l‘enlever pour la remplacer par un dispositif médical particulier sans perdre de volume à l’intérieur.
- Une fabrication dans des matériaux souples. D’origine animale (cuir pleine fleur) ou d’origine synthétique (textile extensible), les matériaux de confection de la chaussure doivent épouser la forme de votre pied sans le comprimer.
- Une doublure intérieure protectrice. Enfin, en cas de polyneuropathie ou mononeuropathie, la chaussure doit former un cocon protecteur autour de votre pied. Veillez donc à ce que le modèle ne présente pas de couture saillante à l’intérieur. La perte de sensibilité pourrait amener une détection tardive des blessures causées par un intérieur mal conçu.
Auteur : Philippe Vesin - Podo-orthésiste