Les déformations du pied diabétique | ![]() |
Les déformations du pied sont une conséquence fréquente du pied diabétique. Ces déformations peuvent être relativement bénignes (griffes d’orteils, hallux valgus, etc.) ou présenter des formes sévères comme un pied de Charcot. Cette pathologie particulière s’accompagne d’une fragilisation osseuse et accroît le risque de blessures. Les symptômes du pied diabétique peuvent être plus ou moins graves. En cas de fracture, les débris d’os provoquent alors des plaies, à l’origine d’infections sévères. La prise en charge des déformations du pied est donc primordiale pour limiter le risque d’ulcères, voire d’amputation.
Le diabète est une maladie chronique à l’origine de nombreuses complications. Le pied diabétique compte parmi les conséquences fréquentes de cette pathologie. Il résulte du dysfonctionnement des systèmes sanguins et nerveux.
Le patient souffrant d’un pied diabétique présente plusieurs troubles, regroupés sous l’appellation « neuropathie diabétique » :
L’ensemble de ces troubles neuropathiques accroît le risque d’apparition de plaies. Surtout, la perte de sensibilité rend difficile la détection d’une plaie. Chez un patient diabétique, l’infection d’une lésion est une complication fréquente. À terme, l’amputation d’un orteil, voire du pied est parfois inévitable pour stopper la propagation de la gangrène. Ce risque podologique croît avec le développement des troubles neuropathiques. Un classement du grade 0 au grade 3 permet d’adapter le niveau de vigilance.
Le pied diabétique engendre une perte de sensibilité totale ou partielle au niveau des membres inférieurs. Les complications du début du pied diabétique entraînent progressivement une modification des appuis au sol. De plus, les troubles de la circulation sanguine et du système nerveux génèrent souvent un affaiblissement musculaire. Les pieds diabétiques, fragilisés, finissent par se déformer : affaissement de la voûte plantaire, etc.
Le pied de Charcot, ou neuroarthropathie, est une forme rare du pied diabétique. Le profil type du patient est un homme en surpoids. De plus, deux tiers des patients diabétiques atteints d’un pied de Charcot souffrent d’un diabète de type 2. Toutefois, le pied de Charcot peut être associé à d’autres maladies (poliomyélite, alcoolisme, etc.).
D’origine inflammatoire et neuropathique, le pied de Charcot est une destruction osseuse des articulations du pied et de la cheville. Son diagnostic est complexe (symptômes identiques à d’autres pathologies, absence d’examen permettant d’établir un diagnostic formel, etc.). Le pied diabétique de Charcot apparaît subitement et présente des symptômes inflammatoires : augmentation de la pression systolique, pied chaud, douloureux et œdémateux.
En l’absence de prise en charge, le pied diabétique se déforme. L’évolution en phase aiguë s’accompagne d’un effondrement de l’architecture du pied. À terme, la fragilisation osseuse et l’inflammation entraînent alors une dislocation des os du pied diabétique et de la cheville.
Le traitement du pied de Charcot passe principalement par une immobilisation du pied diabétique à l’aide d’un plâtre ou d’une botte de marche. Pour contrôler et éviter la formation de lésion, le plâtre doit être renouvelé régulièrement. L’immobilisation du pied s’accompagne d’un suivi orthopédique et dure généralement entre six mois et un an. Par la suite, le port de chaussures orthopédiques avec limitation de la pression plantaire est fortement recommandé (chaussures de série ou chaussures réalisées sur mesure par un pédicure-podologue).
Le traitement du pied de Charcot passe également par des gestes de prévention afin de limiter le risque de déformations sévères :
Enfin, en cas d’atteinte aiguë du pied de Charcot, le recours à la chirurgie permet de limiter le risque d’ulcère. Le traitement correcteur s’appuie sur la pose de fixateurs internes et externes. Pour reconstruire l’architecture du pied, le chirurgien peut être amené à réduire les tendons. Des actes de reconstructions sont également pratiqués au regard de la dislocation osseuse.
Les déformations osseuses sévères liées au pied de Charcot sont à l’origine d’esquilles osseuses. Les esquilles désignent des petits fragments osseux amenés à se détacher d’un os à la suite d’une fracture. Ils provoquent des lésions difficiles à détecter. Par conséquent, le risque de voir une plaie du pied diabétique s’infecter est particulièrement élevé. En cas d’esquille, le traitement chirurgical est souvent indiqué pour éviter tout risque d’ulcère, voire d’amputation du pied.
Auteur : Pierre Durrmann - Podo-orthésiste et spécialiste du pied diabétique